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LES INTERVENTIONS d'Alain VIDALIES

INTERVENTION D’ALAIN VIDALIES AU CONSEIL NATIONAL DU PARTI SOCIALISTE
Le 9 juillet 2005

Chers Camarades,

Nous déposerons une contribution générale signée notamment par dix huit membres de nos instances nationales et sept parlementaires.

Après le vote du 29 mai, l’organisation d’un congrès de notre Parti à l’automne était une initiative indispensable, même si le calendrier retenu est loin d’être idéal pour permettre un débat approfondi.

Notre débat interne sera réussi dès lors qu’il permettra de dégager une majorité rassemblant le maximum des Socialistes. Pour y parvenir, il est d’abord indispensable d’évacuer les faux débats. Le premier concerne le soutien au candidat socialiste que nous désignerons le moment venu pour l’élection présidentielle.

Notre réponse est claire. Le candidat désigné par le Parti Socialiste sera notre candidat.

Le second faux débat a été engagé lors du Conseil National du 4 juin lorsque d’éminents responsables du Parti ont pointé l’émergence d’un « néo-communisme » agressif voué à la seule contestation et bâti dans le seul but de plumer la volaille social démocrate.

La Gauche serait ainsi coupée en deux et il s’agirait de choisir son camp, gauche de gouvernement contre gauche tribunicienne.

Or, au contraire, la victoire de la Gauche passe toujours par la synthèse entre ces deux cultures dont l’existence n’est pas nouvelle.

Certes nul n’ignore la tentation chez certains à l’extrême gauche de constituer un pôle de radicalité. Souhaitons-nous leur faciliter la tâche en entrant nous-mêmes dans ce débat, au risque de le valoriser !

La vraie question est uniquement comment rassembler la Gauche demain si la direction du Parti Socialiste n’est représentée que par des partisans du « oui » au referendum constitutionnel. J’espère que personne ne considère d’ores et déjà perdus nos partenaires communistes unanimement engagés dans la campagne du « non ».

Si une question stratégique doit être clarifiée, c’est bien celle du rassemblement de la Gauche et non celle du clivage artificiel autour du « réformisme de gauche » en réalité tranché, me semble-t-il, depuis 1920.

Pour notre part, notre réponse est claire : rassembler les Socialistes pour ensuite rassembler la Gauche.

C’est pourquoi nous proposons que, dès la fin de notre congrès, nous lancions un appel à des états généraux de la Gauche pour parvenir à une plateforme commune avant les prochaines confrontations démocratiques.

La réussite de cette démarche dépendra à l’évidence des choix que les Socialistes adopteront à leur congrès de novembre.

Pour nous, la social démocratie qui est notre famille traverse une crise majeure. Au mieux, elle réforme à vue sans fixer de cap, au pire elle accompagne la politique libérale en vogue depuis près de 20 ans. Elle peine à redonner du sens à son rôle historique voire lui tourne le dos au profit d’une gouvernance social libérale qui la coupe progressivement de sa base sociale.

La construction européenne a été profondément marquée par cette dérive, pacte de stabilité trop contraignant, budget européen trop faible, soumission sans limite à la mondialisation des échanges, harmonisation fiscale et sociale vers le bas, remise en cause des services publics.

Le 29 mai, une majorité des électeurs de Gauche ont dit « non » à cette Europe nous rappelant notre slogan des échéances européennes de 2004 : « Et maintenant l’Europe sociale ».

Quelle Europe ? Quelles institutions pour l’Europe ? Ce sont les premières questions que nous abordons en développant quatre ambitions pour l’Europe.

D’abord une ambition politique qui suppose que tous les Socialistes appellent à la renégociation d’un traité constitutionnel, seule démarche qui permet de distinguer définitivement le non socialiste du non souverainiste et surtout d’énoncer clairement la prise en compte du vote des Français par les partisans du oui socialiste.  Nous nous prononçons clairement, comme nous l’avons toujours fait, pour une Europe fédérale avec à la place de la Commission, un gouvernement européen issu de la majorité du Parlement européen.

Les Socialistes doivent aussi affirmer clairement pour l’Europe une ambition sociale qui suppose la mise en œuvre d’un processus de convergence sociale avec une harmonisation par le haut. Dans l’immédiat, nous devons nous engager clairement pour le retrait définitif de la directive Bolkestein et, dans la directive temps de travail de l’abandon du principe de l’opt’out qui permet à un salarié de renoncer à ses droits.

La réussite de l’ambition économique de l’Europe n’évitera pas de répondre à la nécessité d’une protection de l’économie européenne. Il faut réhabiliter le principe de la préférence communautaire né avec l’Europe et aujourd’hui abandonné au bénéfice du principe de la concurrence libre et non faussée. Enfin l’Europe doit avoir une ambition internationale que nous déclinons autour des objectifs d’instaurer une régulation démocratique au niveau international, de privilégier les biens publics mondiaux, de partager équitablement les richesses entre le Nord et le Sud et de donner à l’Europe les moyens de s’affranchir de la tutelle des Etats-Unis, notamment par une défense autonome.

Quatre ambitions pour l’Europe et quatre chantiers pour la France, répondre au défi social, un état stratège pour une croissance durable, investir dans les savoirs et la culture et approfondir la démocratie.

La question sociale est évidemment majeure pour répondre à la France qui souffre du chômage, des délocalisations, de la précarité de l’emploi encore renforcée par le projet de contrat nouvelle embauche. Notre réponse doit être d’abord contre la précarité qui génère de plus en plus de travailleurs pauvres, concept effrayant qui, à lui seul, suffit pour constater l’échec de la droite qui prétend réhabiliter le travail. Je veux rappeler ici que pour 1,5 milliard de cotisations Unédic perçues, les emplois précaires génèrent 7 milliards d’indemnités de chômage. On peut ainsi mesurer l’ampleur des marges de manœuvre dès lors qu’on s’engage résolument sur le principe de faire payer ceux qui génèrent la précarité.

Nous devons aussi refuser que s’organisent dans notre pays deux salariats, celui des grandes entreprises et celui des petites entreprises dépourvues de représentation syndicale et avec des protections minimales. Ainsi, s’agissant des 35 heures, nous proposons la généralisation à l’ensemble des salariés.

La tenue d’une conférence annuelle sur l’emploi et les salaires permettra à l’Etat d’initier le dialogue social mais aussi de tenir compte des avancées de la négociation et des résultats pour élaborer sa politique fiscale, budgétaire et sociale.

Nous demandons une réforme en profondeur de la démocratie sociale afin de permettre aux syndicats de retrouver un rôle moteur. Cette loi permettra d’asseoir la représentativité des syndicats sur le vote de tous les salariés et retiendra le principe majoritaire pour la validité des accords à tous les niveaux. Mais le niveau pertinent de la négociation sociale devra être celui de la branche professionnelle, seul niveau qui permette de garantir les droits de tous les salariés des grandes et petites entreprises et d’assurer une juste concurrence entre les entreprises.

Enfin, nous proposons de nourrir concrètement le concept de sécurité sociale professionnelle.

Concernant les services publics, nous souhaitons que les Socialistes s’engagent clairement sur la remise en cause de l’ouverture du capital d’EDF et GDF, nous souhaitons la création d’un service public bancaire rassemblant dans un pôle cohérent la Poste, la Caisse des Dépôts et la Banque de développement des PME notamment.

Nous sommes favorables à un changement de l’assiette des cotisations patronales, prenant en compte progressivement la valeur ajoutée, afin de favoriser les entreprises de main-d’œuvre.

Nous envisageons de fusionner la CSG et l’impôt sur le revenu car la frontière entre cotisations et impôts est franchie depuis longtemps.

Nous développons ainsi d’importants chapitres consacrés à l’école, à la culture, à la recherche, et à la lutte contre les discriminations.

Nos propositions sur le plan institutionnel rejoignent celles d’une République parlementaire souvent formulées par d’autres camarades.

Chers camarades, nous entrons dans un débat dont chacun mesure l’importance.

A chaque rendez-vous démocratique, les Français expriment leur exaspération et leur souffrance en rejetant la politique de la droite.

Tout l’enjeu de notre débat, c’est d’être capables de transformer ce désespoir en espérance. L’espérance dans les socialistes.

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