
Hollande seul face à à la fronde de ses opposants
Par Nicolas Barotte
Après le non à l'Europe, le non à Hollande. A deux jours de l'université d'été du PS à La Rochelle, le premier secrétaire, candidat à sa succession au prochain congrès du PS en novembre, est devenu la cible privilégiée des minorités du parti. Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, en désaccord stratégiques au sein de leur courant, s'entendent néanmoins pour «poser la question» de son maintien à la tête du PS. Pour Montebourg, Hollande a conduit le PS à «deux désastres» en 2002 et 2005. Les partisans de Laurent Fabius demandent ouvertement le changement d'une direction qu'ils accusent d'avoir divisé le parti et de mal s'opposer. Comble du mépris, l'ancien premier ministre ne restera même pas dimanche à La Rochelle pour écouter le discours de clôture du premier secrétaire.
Face à la violence de la charge, la riposte est toute trouvée : jouer les victimes innocentes. Les proches du premier secrétaire dénoncent une attitude «inadmissible». «La personnalisation outrancière des débats n'est pas dans notre tradition», commente le bras droit de Hollande, François Rebsamen. «Arnaud Montebourg est tellement aveuglé par sa détestation de Hollande, que cela le conduit à dire des bêtises», estime le député de l'Isère André Vallini, «consterné» par la tournure des querelles socialistes. Pour le président de la région Centre, Michel Sapin, les «comportements soldatesques de Claude Bartolone, Arnaud Montebourg et d'autres petits caporaux est contraire à l'esprit des débats socialistes. Là, quelque chose a dérapé.» «C'est une facilité, poursuit Michel Sapin. François Hollande est apparu comme le plus affaibli après le référendum.» Pour lui, ses opposants «sont d'autant plus vindicatifs qu'ils ne savent pas quoi faire». Quelle ligne, quelle alliance, quel candidat au poste de premier secrétaire ?
Le numéro un du PS évite d'alimenter lui-même la polémique. «Il est frappé par le caractère vindicatif, haineux» des attaques, confie un proche. Il reviendra dans l'arène, ce week-end, à l'occasion de son discours dimanche à La Rochelle. Pour l'heure, il s'est envolé pour la Martinique afin de participer à l'hommage national rendu aujourd'hui aux victimes du crash.
Mais au sein même de sa majorité anti-Fabius, sa position est fragile. Aujourd'hui, certains se plaisent à simplement le présenter comme le «plus petit dénominateur commun». Et s'ils se sont ralliés à sa candidature au poste de premier secrétaire, c'est faute «d'alternative crédible». Au moins, Hollande, «on sait ce que c'est», lâche un membre de la majorité.
Même le premier allié de Hollande, Dominique Strauss-Kahn, tire un bilan critique de son précédent mandat à la tête du PS. «Personne n'ignore les critiques que je portais à l'alliance entre François Hollande et Laurent Fabius, issue du congrès de Dijon : la posture d'une opposition, certes prétendue frontale, mais pas ou peu de propositions alternatives», explique-t-il dans L'Express. DSK espère remporter le congrès pour renforcer son statut de présidentiable et certainement pas pour remettre en selle Hollande.
En face, les opposants peinent à s'organiser. Henri Emmanuelli demeure silencieux. Il reprend même contact avec Hol lande. Le NPS doit débattre aujourd'hui de son attitude. Pour l'instant, Fabius peut compter sur le ralliement déjà acquis de Jean-Luc Mélenchon. Il devrait aussi recevoir le soutien des ex-poperenistes emmenés par Alain Vidalies. Mais attention, ils posent des conditions.