Fabius peaufine son image

Insensiblement, la dynamique a changé de camp, au début de cette université d'été du PS. Surpris puis sonnés par les attaques virulentes dont François Hollande a été l'objet, les partisans de la direction sortante se sont serré les coudes, hier matin, lors d'une réunion de leur courant. Du coup, ils apparaissent comme un bloc relativement homogène, à peine troublé par les velléités de candidature de Martine Aubry ou les menaces de scission brandies par Michel Rocard et Bernard Kouchner, qui apparaissent comme des francs-tireurs. Un bloc qui sait oú il va et avec qui. Tandis qu'en face, les grandes manoeuvres et les conciliabules se poursuivent.

Tous sur les rangs. « Nous, nous proposons un premier secrétaire, une direction et un calendrier jusqu'en 2007, explique Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections. On met tout sur la table, c'est une question de clarté et de respect des militants. » Après avoir dit au « Nouvel Observateur » qu'il ne serait, en tout état de cause, plus premier secrétaire après 2007, François Hollande a aussi confié à ses troupes qu'il n'accepterait de rempiler après le congrès que si sa motion était majoritaire. Autrement dit : « pas de combinazione ».

« Le premier secrétaire, explique Le Roux, ne doit pas sortir d'une commission des résolutions à 5 heures du matin. » Manière de sous-entendre que c'est ce qui se produirait si les opposants à l'actuelle direction gagnaient le congrès. Car on ne sait pas encore s'ils présenteront une, deux ou trois motions, voire plus. Un conseil national le 17 septembre fixera les forces en présence. Pour l'heure, seul le NPS d'Arnaud Montebourg a annoncé qu'il partirait sous ses propres couleurs. Laurent Fabius laissait entendre hier soir, sans surprise, qu'il présenterait lui aussi son propre texte (pour la première fois depuis le congrès de Rennes en 1990). Du coup, Henri Emmanuelli, qui plaidait pour une motion unique de tous les tenants du non, se mettra lui aussi sur les rangs.

Fabius joue gros. Reste à savoir de quels alliés les uns et les autres disposeront. Ex-compère d'Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon a déjà annoncé son ralliement à Fabius. Alain Vidalies réserve, quant à lui, sa réponse et se voit, du coup, fort courtisé et par les partisans de Montebourg et par les fabiusiens. Car l'enjeu est de savoir qui de l'ancien Premier ministre ou du député de Saône-et-Loire arrivera en tête des motions minoritaires au congrès du Mans . Avec à la clé la question de savoir qui deviendra premier secrétaire et quel sera le candidat à l'élection présidentielle.

Laurent Fabius se veut évidemment au-dessus de ces petites combinaisons politiciennes, mais il sait qu'il joue gros dans les trois mois à venir. Pour le moment, il se contente de peaufiner son image d'homme de gauche à l'écoute des préoccupations des Français. Avant de réunir la presse en fin d'après-midi pour affirmer, l'air de rien, son ambition présidentielle et décliner ses quatre priorités : l'emploi, l'éducation, la protection et le logement (il avait planché sur ce dernier thème lors d'une table ronde).

Le discours de Hollande. « Le logement, c'est la qualité de la vie, la dignité des hommes et de bonnes conditions pour l'éducation des enfants », a-t-il expliqué.

L'éventuel candidat en 2007 inscrira donc « le droit au logement » parmi ses objectifs prioritaires. « Etre de gauche, si c'est encore possible, c'est offrir un logement décent à tous », a-t-il lancé. Avant de repartir dès ce matin dans sa maison de l'Ariège pour y terminer ses vacances... Et snober le discours que prononcera demain François Hollande. « Mais je le lirai », a-t-il promis.

« Le premier secrétaire ne doit pas sortir d'une résolution à 5 heures du matin »